Août 2014 : la Seine, de Paris à la mer
Adrien Laplanche
4 avril 1979
Cycliste Paris - Banlieue depuis 1997
Amateur de vieux chemins et de doubles sens cyclables
Passionné par les cartes et l'architecture
Contact
06 88 24 11 85
Voyager
Ce projet est à la rencontre de trois passions, qui sans doute n'en font qu'une : le vélo, le voyage et les cartes.
Le vélo a toujours été une évidence, au quotidien, entre Paris et la banlieue. Pour échapper à la monotonie des déplacements pendulaires, à l'attente et à l'impatience. Pour circuler à l'air libre, à son rythme, et profiter de chaque rayon de soleil après la pluie. Pour explorer la ville et ses environs, s'y laisser divaguer, le nez au vent, réceptif.
Le voyage : cultures, architectures, rencontres. Hors des sentiers battus. À la recherche, non pas de terres inconnues, mais de jardins secrets, de pays habités par d'anciens souvenirs : vallées escarpées, mouillages isolés, ruines antiques, vieilles villes, quartiers populaires, vestiges patinés par les éléments, mousses et lichens, lieux vivants et sacrés.
Les cartes, enfin, qui nous transportent à travers l'espace et le temps, qui nous orientent et nous appellent, pleines de promesses, de noms qui résonnent, de vieux chemins et de trésors cachés.
Grand Paris
À la faveur des premiers double-sens cyclables (rue St-Denis, dans les années 2000), qui ont enfin affranchi les cyclistes de plans de circulation imposés par l'encombrement propre à l'automobile, une illumination : escamotée par le réseau majeur hérité des percées haussmanniennes, les voies du Vieux Paris continue de former un système de circulation cohérent, que ses gabarits étroits protègent du trafic automobile. Un Paris parallèle, d'une urbanité exceptionnelle, ancré dans l'histoire, dont les tracés organiques, que tout oppose à la régularité moderne, irriguent l'ensemble de la ville d'un maillage très fin. Un réseau idéal pour les mobilités douces, mais paradoxalement ignoré des politiques urbaines qui, occupées à réaménager le réseau des boulevards, ne traitent la trame mineure que de façon indistincte – de sorte les itinéraires continus du Vieux Paris sont les derniers à résister au déploiement des double-sens cyclables : ainsi, par exemple, de la rue St-Jacques (pourtant libérée du transit automobile depuis sa mise à contresens pour les voitures entre la rue Soufflot et le Val de Grâce), de la rue du faubourg du Temple (sans doute à cause de la voie bus qui l'emprunte) ou de la rue St-Honoré (entre l'avenue de l'Opéra et la rue de Penthièvre).
Il ne s'agissait, au départ, que d'illustrer cette dualité parisienne, bien connue et documentée, mais occultée par les cartes et par l'urbanisme contemporains – chères rues piétonnes, qui sont pourtant, si souvent, des chemins ! Mais il était impensable, bien sûr, d'ignorer la banlieue. D'abord parce que, sur cartes classiques, l'urbanisation et les réseaux automobiles lui donnent une uniformité trompeuse, alors qu'elle est sillonnée de vieux chemins pittoresques et que les centres anciens, invisibles depuis les réseaux modernes, continuent d'y polariser la vie locale. Mais également pour rendre compte de l'incroyable richesse architecturale, ancienne et moderne, de ce pays "autour de Paris", que la violence de l'aménagement du territoire fait parfois oublier.
Ce sont de ces différents niveaux de lectures que cette carte s'efforce de rendre compte : de cet empilement de couches historiques, de ces dimensions parallèles, de ces mondes juxtaposés, de cette immense richesse de la ville, de sa banlieue et de ses environs. Le pays de Paris, notre vieux pays, est un labyrinthe à nul autre pareil ; un labyrinthe qui ne cesse de se transformer, et qu'il ne s'agit pas de régulariser, de normaliser, d'aseptiser (le culte de l'haussmannisme, de la voie rapide, de la table rase et de la rénovation outrancière est tenace), mais plutôt de réparer, d'entretenir, de cultiver. Puisse cette carte vous donner envie de le parcourir, de l'explorer, de l'éprouver, à vélo, à pied... ou dans un canapé.
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